Sada Online – Montréal
Après la publication par la Dre Fatima El-Mousawi de son article en français dans le « Journal de Montréal » au début du mois en cours, dans lequel elle a critiqué le projet de loi 9 et le discours « C’est comme ça qu’on vit au Québec », le qualifiant de détournement des véritables crises au profit de conflits identitaires fabriqués, El-Mousawi — née au Québec — a été la cible d’une vaste campagne sur les réseaux sociaux, marquée par une diffamation personnelle, des accusations non étayées et une incitation à l’exclusion en raison de son identité religieuse et du fait qu’elle est une femme voilée.
L’article, porteur d’un message clair sur la priorité à accorder aux dossiers de la santé, du logement, de l’éducation et de la justice sociale, a souligné que « la Charte des droits et libertés » encadre les bases de la vie commune au Québec, et qu’« il n’appartient pas à un ministre ni à un gouvernement de passage d’imposer aux gens comment ils doivent s’habiller, croire ou penser ». Mais au lieu de discuter les idées avancées par El-Mousawi, de nombreuses réactions se sont déplacées vers une attaque personnelle, dans un schéma qu’on peut classer comme un message d’intimidation à toute femme ou à tout auteur qui envisagerait d’affronter le discours de stigmatisation visant les musulmans, et les femmes en particulier.
Accusations sans preuve et transformation du débat en procès d’identité
Selon des captures publiées et largement relayées sur les plateformes sociales, une partie de la campagne s’est concentrée sur l’insinuation d’un lien entre El-Mousawi et des « parties étrangères », ou sur sa présentation comme une « agente d’influence », accompagnée d’appels aux autorités à « enquêter » sur son parcours, et de récits complotistes reliant ses écrits à une menace politique ou sécuritaire supposée. Ce type de discours, selon des spécialistes des médias numériques, relève de la diffamation fondée sur la stigmatisation d’une identité plutôt que sur la réfutation du contenu.
Incitation directe à l’exclusion et à l’expulsion
Certaines publications sont allées au-delà de la déformation pour verser dans l’incitation explicite, en la décrivant comme un « danger pour la sécurité nationale » et en appelant à son expulsion ou à l’empêcher d’exister dans l’espace public, avec des généralisations hostiles contre les femmes voilées et les musulmans. On remarque dans ces commentaires que la mise en cause du hijab et de l’identité religieuse a été utilisée comme substitut à tout débat objectif sur le projet de loi 9 ou sur les problématiques soulevées par El-Mousawi dans son article.
Appels à sanctionner le journal et à « criminaliser » l’opinion
Parallèlement, l’un des commentaires a appelé à déposer des plaintes contre le journal ayant publié l’article, et à considérer l’apparition de l’auteure ou son opinion comme une « propagande » religieuse, dans une tentative d’imposer une censure sociale aux médias et d’exclure les opinions divergentes de l’espace public. Des observateurs estiment que cette pression ne vise pas seulement une personne en particulier, mais cherche à envoyer un message dissuasif à la presse et à quiconque offre une tribune à une opinion différente.
Contexte plus large : faire taire la critique par la peur
Cette campagne survient dans un climat politique tendu autour de projets de lois à caractère identitaire au Québec, où des voix de défense des droits avertissent d’une montée du discours de polarisation visant les minorités religieuses. Dans ce contexte, le ciblage d’El-Mousawi est perçu comme un prolongement des tentatives de transformer la critique politique et sociale en « affaire de loyauté et d’identité », vidant le débat public de son contenu et reproduisant l’image du « bouc émissaire » contre laquelle l’auteure elle-même avait mis en garde dans son article.
El-Mousawi avait affirmé dans son texte que les crises réelles au Québec — de la surcharge des urgences et de l’absence de médecins de famille à la crise du logement et à la hausse du coût de la vie — ne se résolvent pas par « la désignation de boucs émissaires » ni par « l’exclusion des minorités », et que le gouvernement au service de la population « ne divise pas, il rassemble ». Pourtant, les réactions en ligne ont reflété, selon des observateurs, une résistance organisée à toute tentative de déplacer le débat de l’identité vers la justice sociale.
Intimidation des femmes et des musulmans… un impact qui dépasse la personne
Des militantes mettent en garde : le fait de cibler une femme voilée qui écrit une opinion politique et sociale ne peut être compris autrement que comme une attaque à la fois genrée et religieuse. L’objectif est de pousser les femmes musulmanes à se retirer de l’espace public et médiatique par l’intimidation et la diffamation. On craint que ce type de campagnes ne fasse reculer la participation citoyenne et n’érode la liberté d’expression que la Charte du Québec elle-même garantit.
Conclusion
Alors que l’article d’El-Mousawi appelait à « vivre dans la dignité » et à se concentrer sur les priorités quotidiennes des gens plutôt que sur des conflits fabriqués, la campagne contre elle est venue confirmer comment l’incitation numérique peut devenir un outil pour faire taire la critique et intimider les minorités et les femmes. Et au moment où ces pratiques se multiplient… la communauté s’est tenue aux côtés de Fatima et ne la laissera pas seule. Et il appartient aux sœurs capables — elles sont nombreuses — de se mobiliser pour porter cette cause et défendre la femme musulmane et son droit à ses choix.
La question demeure : l’espace du débat au Québec peut-il accueillir l’opinion différente, ou la citoyenneté sera-t-elle réduite à une identité que l’on cherche à imposer par la force et l’intimidation ?
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